HYPERFLUX (2015-2019)

"Par ambition et âpreté, l'homo sapiens sapiens abandonne parfois de penser pour se rêver tout puissant et, paradoxalement, s'asservir à ses propres inventions, négligeant d'en méditer les fins et les effets. Tel est l'homme hypermoderne", (1).

Site industriel de Syngenta. «Monthey est l’un des sites de production stratégiques de Syngenta. Y sont fabriqués herbicides, fongicides et insecticides destinés à protéger les plus grandes cultures mondiales telles que le coton, le riz, les céréales et les agrumes», explique cette notice sur le site de l’entreprise.

Le pont de Grandfey offre un panorama exceptionnel. C’est un très bel endroit. Mais il est aussi tristement connu, nombreux y sont venus, désespérés, pour en finir avec leurs vies. «Deux bornes téléphoniques ont été installées de chaque côté du pont de Grandfey pour prévenir les suicides, a commniqué le Lions Club Fribourg, qui a contribué à financer l’installation», chapeau d’un article paru dans le quotidien La Liberté, le 13 octobre 2016.

L’usine de Chavalon, construite en 1964, a brûlé pendant des années du carburant lourd issu de la raffinerie de Collombey. Elle est à l’abandon depuis 1999. Un projet d’y installer une centrale thermique au gaz naturel a été abandonné en juillet 2017. Pas assez rentable selon les propriétaires (EOS et Romande Energie). La centrale à gaz aurait pu rejeter jusqu’à 750 000 tonnes de CO2 par an dans l’atmosphère. EOS et Romande Energie ont cédé Chavalon au groupe Orllati, une société de démolition pour mener des travaux de démontage et d’assainissement des lieux.

La centrale nucléaire de Beznau est la plus ancienne centrale en activité au monde. Sa mise en service remonte à 1969.

Le 20 octobre 2016, un rapport de 471 pages, intitulé "La revitalisation commerciale des centres-villes", a été rendu au gouvernement français. C’est dans les villes moyennes, de 10 000 à 100 000 habitants, que l'on peut le mieux observer le phénomène: de plus en plus de commerces tirent définitivement le rideau, cela a un nom, la désertification des centres-villes.

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La faillite du groupe Yendi, une chaine de magasins de mode basée à Bulle, a été prononcée le 28 avril 2017. La concurrence du commerce en ligne aura eu raison de cette entreprise fondée en 1976. Près de 500 collaborateurs se retrouvent sur le carreau. Plus d'une année après ces évènements, certaines surfaces commerciales n'ont toujours pas trouvé de repreneurs, et des mannequins continuent de hanter les lieux.

Après plus de cinquante ans d’activité, la raffinerie de Collombey, détenue par le groupe Tamoil, a finalement fermé ses portes en mars 2015. Le marché en a décidé ainsi. Près de 240 collaborateurs ont brutalement perdu leurs travail. La raffinerie sera démantelée à partir de 2020, les travaux d'assainissement devraient eux s'achever d'ici 2028.

Friche du bâtiment Fun Planet à Villeneuve. Un incendie a ravagé cette surface commerciale destinée au divertissement en 2009. Suite à un litige financier entre l’Établissement cantonal d’assurance (ECA) et le propriétaire, les ruines du bâtiment trônent aujourd'hui encore au milieu des autres centres commerciaux. "L’image de cette friche abandonnée est catastrophique pour ces commerçants et la commune. Car on sait bien que le monde attire le monde» s'exaspérait Christine Petitpierre, présidente de la Société industrielle et commerciale de Villeneuve et environs (SICOV), dans un article du 24 heures en mars 2015.

Dessins de résidents dans un EHPAD (établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes) en France.

 

Chemin longeant l'ancien site de la décharge chimique de Bonfol, exploité par la société Basler Chemische Industrie, entre 1961 et 1976. Après 50 ans de polémiques et 17 ans de travaux, le site est aujourd'hui dépollué à 99%. Le temps est venu de savoir si l'on va laisser la forêt reprendre ses droits, ou tout de même ériger un monument en ces lieux, afin de rappeler le combat qui s'est mené ici.

Cuves de la raffinerie Tamoil à Collombey.

Site d’assainissement de la décharge chimique de Kölliken, qualifié de « plus grand péché écologique du siècle passé ». Les pavillons de décontamination et de manipulation ont occupé une superficie de quatre hectares. Les travaux ont débuté en 2005. La halle de démantèlement a été démontée en 2019. La surveillance du site débutera à partir de 2020

L'entreprise Lonza à Viège, active dans l'industrie chimique et pharmaceutique, a avoué avoir rejeté entre 50 et 60 tonnes de mercure dans le Grossgrundkanal entre 1930 et 1976. En novembre 1980, une étude du Service cantonal valaisan de la protection de l'environnement précise qu'une teneur en mercure 1200 fois supérieure à la teneur naturelle a été mesurée dans le canal. Dans une publication de 1952, le Dr Paul Burgener, médecin à Viège, évoque lui plus de 250 cas d'intoxication potentielle au mercure entre 1920 et 1950. Certains employés appelaient "vacances mercure" les vacances supplémentaires qui leur étaient allouées suite à des intoxications. En 2016 toutefois, une étude épidémiologique mandatée par le canton du Valais atteste qu'aucune atteinte significative à la santé de la population par le mercure présent dans le sol n’a pu être démontrée.


(1) Jacqueline Barus-Michel, "L'hypermodernité, dépassement ou perversion de la modernité ?" in L'individu hypermoderne, Toulouse, Editions éres, 2010, pp.239-248.

/// Optimisé pour visionnage sur desktop, à une résolution d’écran de 2880 x 1800. Toutes les images sont cliquables pour un affichage plein écran ///

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Exposition au Musée gruérien de la série de photographies HYPERFLUX, un para-documentaire réalisée par Pierre-Yves Massot.

Du 16.10 au 1.12.2019

Un événement PPAF


Article dans La Liberté

Article dans La Gruyère

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La sociologue Nicole Aubert décrit “l’hypermodernité”, époque dans laquelle nous vivons, comme une caricature grotesque de ce que les promesses de la modernité portaient en elles.

A y regarder de plus près, le monde d’aujourd’hui semble avoir glissé dans une absurdité la plus totale. Comme si la machine s’était emballée. Poussées à l’extrême, les logiques du progrès nous condamnant à courir après nos destins, démunis, nous plaçant en spectateurs impuissants de ce triste et ridicule spectacle offert à nos yeux.

HYPERFLUX est une série “para-documentaire”, à la frontière entre le documentaire et une approche plus subjective. Elle est constituée d’une part de fragments de réalité glanés au quotidien, sortes de bugs dans la matrice, qui décrivent d’une certaine manière le monde hypermoderne. Les images sont ici réalisées avec différents appareils photo ou smartphones (l’éclectisme étant une caractéristique de «l’hyperflux»).

D’autre part, le corpus d’images est fait de prises de vues nocturnes et clandestines de sites industriels emblématiques de dérapages sociaux, économiques, politiques ou écologiques.

La combinaison de toutes ces photographies, unifiées par le format 3/4, forme une histoire ouverte, où le spectateur est invité à tirer des liens par lui-même et, finalement, à faire travailler sa propre “intelligence imaginaire” — intelligence: dérivé du latin intellegere, préfixe inter, et radical legere ou ligare, aptitude à relier des éléments qui autrement resteraient scindés.