Les Bristlecones Pines sont parmi les plus vieux être vivants du monde...

On date ces arbres d'un âge de 5 000 ans à 6 000 ans.

Il y a 6 000 ans sur cette terre. 3983 ans avant J-C. A quel temps cela correspond-il ? Non pas d'imaginer leur apparition en tant qu'espèce à cette époque reculée mais bel et bien de se tenir là en compagnie d'un individu de plus de 5 000 ans ! Enlacer un être de cet âge, de cette sagesse, de cet autre monde – où je n'irais jamais et d'où pourtant je viens, comme une juvénile gorgée d'Eternité.

 

Les Bristlecones Pines poussent en altitude, à plus de 2500 mètres, et sont les derniers arbres, tree people, aux sommets des Inyos : montagnes du Grand Esprit, qui culminent en pente douce autour des 3 700 mètres. Le climat est glacial en hiver et tout juste tempéré durant l'été, tandis que dans la plaine les chaleurs extrêmes du désert de la Death Valley transforment le monde en fournaise.

 

Cet endroit est unique et c'est dans ces conditions difficiles et exceptionnelles que vivent depuis tant de siècles les doux et majestueux Bristlecones Pines. Ce lieu est un sanctuaire. Une terre de rocaille, aux airs de paysage lunaires, qui au Printemps se couvre de fleurs blanches comme la neige. On y marche comme dans un silence. Un paix inconnue jusqu'alors.

 

Le mountain Lion, les coyotes, lapins, shrimp monks, bold eagles, biches et cerfs peuplent ces collines magnifiques. Une route, piste défoncée, emmène au dernier sommet où seuls quelques rares visiteurs s'aventurent.

 

Cela fait 3 ans maintenant, 3 étés d'une vie humaine, que j'ai le privilège de m'asseoir et de discuter avec ces êtres d'exception, témoins d'un temps primordial.

Il y a là un arbre particulier pour moi, la grande grande grande grande grande grand-mère des origines du monde, du berceau du Temps. Elle me parle parfois. M'accueille toujours. Je me loge à l'intérieur de son tronc creux et large, avec le plus grand respect et la plus grande émotion. Elle est mon plus noble et magnifique ancêtre, et je l'aime. Comme j'aime cette terre rude et cette vie sauvage et essentielle. A l'essence.

Là, un peu plus près du ciel, un peu plus terriblement lentement, dans l'infinie douceur des pins et l'odeur suave et sucrée du bois sec modelé par les milliers d'années, là, en cet endroit, je me rappelle...

 

De tout, depuis le début. De tout ce dont nos âmes se rappellent, depuis l'Origine et les confins du Paradis. Si il est un Dieu, il existe en cet endroit. Et il parle invariablement d'Amour.

 

Conversations avec un être de 5 000 ans... Elle me dit que je suis trop jeune pour me sentir vieille, et de rentrer chez moi pour participer et être avec les miens. Je la remercie, et lui dit à bientôt, puis l'embrasse de tout la taille de mes bras tendus autour de son tronc vivant et vibrant.